Aassmaa Akhannouch
La maison qui m'habite encore














































































Both my parents are now deceased.
As a child, I lived in a red house. The “red house” was my address.
I had to go there to empty it out because it was about to be sold. The house still contains some furniture, three plum trees, four orange trees, and my entire childhood.
I walk around the garden, which isn't as big as I remember it. It's the eve of the party, and my mother is making gazelle horns. It's summer, and the huge living room window is wide open. There are books everywhere, but in the evening they didn't read me children's stories, they told them to me, because a long time ago, the most extraordinary things could still happen...
For the party, I will have a ribbon in my braid. I won't play too much in the morning so as not to ruin my shoes, but by the afternoon I will have forgotten that they were new. I will watch my mother comb her hair in front of her mirror. Perhaps she will wear her pale blue caftan...
I want to keep this house on this eve of celebration, in this eternal summer, engulfed, asleep, because it has never ceased to be my home.
Aassmaa Akhannouch
Mes parents sont maintenant tous les deux décédés.
Enfant, j’habitais une maison rouge. La « maison rouge » était mon adresse.
J’ai dû y aller pour la vider en raison de sa vente imminente. La maison contient encore quelques meubles, trois pruniers, quatre orangers et toute mon enfance.
Je me promène dans le jardin, il n’est pas si grand que dans mes souvenirs. C’est la veille de la fête, ma mère prépare des cornes de gazelle. C’est l’été et l’immense fenêtre du séjour est grande ouverte. Il y a des livres partout mais le soir on ne me lisait pas des histoires pour enfants, on me les racontait, c’est qu’il y a très longtemps les choses les plus extraordinaires pouvaient encore arriver…
Pour la fête, j’aurai un ruban dans ma natte, je ne jouerai pas trop le matin pour ne pas abîmer mes chaussures mais l’après-midi j’aurais oublié qu’elles étaient neuves. Je regarderai ma mère se coiffer devant son miroir, peut-être qu’elle portera son caftan bleu pâle…
Je veux garder cette maison en cette veille de fête, en cet été éternel, engloutie, endormie, car elle n’a jamais cessé d’être mon adresse.
Aassmaa Akhannouch